Les amoureux du temps

Ils vivent en amoureux

Cachés des heures qui ne les reconnaissent plus

L’échine courbée, le corps fourbu

Ils flânent ensemble ces spectres affectueux.

 

Éprouvant l’attrait de la cuisse horizontale

Du réveil absent, des endormissements suspects

L’un est la maison rustique d’un paradis tropical

L’autre le chat dormant sur un tapis de muguet.

 

Complices, désormais, que dans le silence

Leurs yeux chantent les discours et font danser l’éloquence

Et au cercueil de la nuit, allongés, sans lueur

Leurs battements murmurent des caresses au fond du cœur.

 

Au bagne des rêves ou les images bouleversent

C’est la première fin qui les oppresse

Ils redoutent cette main qui ne répondra pas

Et tressent leurs doigts, peut-être, pour la dernière fois.

 

Les esprits vagabondent au parc de l’univers

Et les amants, trônant au banc des atmosphères

S’enracinent au soleil de leurs trente ans

Et s’aiment du regard profond de leur mille ans.